Pour un statut de « Première dame »

Pour la première fois sous la Ve République, l’épouse du président, Brigitte Macron, a été dotée par l’Élysée d’un rôle officiel, entérinant une mission et des moyens jusqu’ici informels, dans une volonté de transparence. (Source : AFP)

L’initiative d’Emmanuel Macron consistant à créer un statut pour sa conjointe est louable, contrairement à ce que certains démagogues veulent faire croire.

Quand ce qui est désigné comme de la moralité est en réalité de la démagogie

La question du rôle de Brigitte Macron a suscité cet été une pétition « contre le statut de Première dame » qui a réuni 316.000 signatures en quelques semaines. Les arguments avancés sont que [1] :

  • Accorder un statut particulier à la « Première dame » serait contradictoire avec le fait que le recours aux emplois familiaux soit devenu interdit à l’Assemblée nationale (moralisation de la vie publique).
  • Accorder un budget sur les fonds publics à la « Première dame » ne serait pas justifié.

Le fait que ces arguments fallacieux aient remporté une telle adhésion traduit une certaine démagogie. En vérité :

  • Le rôle de « Première dame » existe, et continuera à exister. Il s’agit donc simplement de reconnaître un rôle existant. La problématique est ainsi contraire à celle abordée lors de la moralisation de la vie publique, qui consiste à supprimer des emplois soupçonnés d’être fictifs.
  • Dans la pratique, une partie des fonds publics permet à la « Première dame » de financer ses déplacements et rémunérer ses collaborateurs, et ce depuis des dizaines d’années. Allouer un budget spécifique à la « Première dame » permettrait justement de mieux contrôler cette partie des fonds publics utilisée.

« Première dame », c’est un travail !

Être l’épouse du Président est un travail à plein temps. En particulier :

  • Elle assure la représentation de la France au côté du chef de l’État. On pense notamment aux différents repas et sorties en couples qui ont lieu lorsque Emmanuel Macron reçoit un chef d’État comme Donald Trump ou Vladimir Poutine.
  • Elle participe au fonctionnement de l’Élysée au quotidien, en particulier aux réponses aux courriers et coups de téléphone.
  • Elle est engagée dans différentes missions à caractère caritatif, culturel ou social.

D’ailleurs, la « Première dame » dispose de collaborateurs (un cabinet), comme les politiques.

Dans une société qui veut valoriser le travail des femmes autant que celui des hommes, il est naturel que le statut du conjoint de chef de l’État soit enfin reconnu. A noter : l’expression de « Première dame » n’est pas utilisée dans le texte en question, à savoir la charte de transparence relative au statut du conjoint de chef de l’État. De plus, cette charte, n’ayant pas de statut juridique, n’est valable que durant le mandat d’Emmanuel Macron.

Des qualités de transparence

La charte a le mérite d’être transparente. Ainsi, il est mentionné que « le président de la République pourra charger son épouse de missions particulières de réflexion et de propositions », rendues publiques sur le site de l’Élysée [2].

Il est bien connu que les Premières dames ont toujours influencé le Président, et qu’elles ont ainsi un certain pouvoir. Par exemple, Danielle Mitterrand, femme de François Mitterrand, était réputée comme plus à gauche que son mari, et l’aurait influencé aussi bien dans sa politique intérieure qu’extérieure (relations avec Cuba notamment). Que l’influence de la « Première dame » soit présentée explicitement aux citoyens, plutôt qu’elle ait lieu dans l’ombre, est louable.

Cette transparence se retrouve également au niveau du budget : la partie du budget présidentiel servant aux coûts de fonctionnement associés au conjoint du chef de l’État sera indiquée dans les comptes de l’Élysée, et soumise au contrôle de la Cour des Comptes, qui effectuera un rapport spécifique sur le sujet. Ainsi, il n’y a pas en tant que tel de budget spécifique alloué à la « Première dame », mais tout de même la mise en place de pratiques spécifiques au niveau comptable. Comme expliqué précédemment, et contrairement à ce qu’affirmait la pétition, la création d’un statut spécifique à la conjointe du chef de l’État permet un meilleur contrôle des fonds publiques.

Il est à espérer que l’initiative de l’Élysée permettra de déboucher dans les années à venir sur un réel statut juridique de « Première dame ».

Sources

[1] https://www.change.org/p/contre-le-statut-de-première-dame-à-brigitte-macron Pétition contre le statut officiel de première Dame « Brigitte Macron »

[2] https://www.elysee.fr Site de l’Élysée

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