Ordre et chaos
A priori, deux visions de la vie s’opposent : l’une ordonnée (tout s’enchaîne selon des règles précises) et l’autre chaotique (tout peut être vu comme désordonné).
Dans une vision ordonnée, les probabilités correspondent à de l’incertitude, à savoir un manque de connaissance (l’être humain ne connaît pas précisément tout le passé, ce qui l’empêche de prédire le futur de façon déterministe). La plupart des fonctionnaires raisonnent ainsi, sans forcément le réaliser.
Dans une vision chaotique, les probabilités correspondent à du hasard, qui a une existence de fond (des opportunités et des risques). La plupart des salariés du privé raisonnent ainsi, sans forcément l’assumer.
L’interprétation du réel…
Des mêmes réalités peuvent être interprétées soit de façon ordonnée, soit de façon chaotique, ce qui permet un début de réconciliation entre ces deux visions. Ce travail a été réalisé notamment par le physicien Ludwig Boltzmann [1]. En étudiant les systèmes thermodynamiques (contenant un grand nombre de particules), il a démontré l’équivalence entre une description déterministe à l’échelle microscopique et une description probabiliste à l’échelle macroscopique.
… n’est pas philosophie de vie
Cependant, en terme de philosophie de vie, les deux visions sont souvent disjointes, notamment lorsqu’on s’intéresse à la notion de décision, centrale pour l’être humain. Dans un cadre déterministe, la liberté de pensée s’obtient en ignorant temporairement, au niveau du psychisme, l’influence du monde extérieur. Au contraire, dans un cadre chaotique, la liberté de pensée s’obtient en étant en ligne par rapport au monde, en s’ouvrant à l’extérieur.
Or, une décision n’existe réellement que s’il y a eu liberté de pensée en amont (« agir, plutôt que réagir »). Une personne avec son plein pouvoir de décision selon une vision est une marionnette selon l’autre : c’est l’un des drames de la nature humaine. L’hostilité que l’on observe parfois entre fonctionnaires et salariés du privé vient, en partie, de cela : ils se jugent les uns les autres comme des marionnettes.
Lorsque cadre devient vision
Souvent, les personnes ne choisissent pas leur vision de la vie : c’est la vie elle-même qui « s’en charge » pour elles. Ainsi, la vision de la vie d’une personne est rarement un choix personnel : en général, c’est notre façon de vivre, qui nous impose ce cadre. Et ce cadre peut changer, s’inverser, selon la vie menée.
La causalité : une passerelle
Il existe tout de même des passerelles entre les deux visions de la vie, par exemple la notion de causalité. Dans une vision ordonnée, cette notion est équivalente à celle de déterminisme. Dans une vision chaotique, elle correspond à influer sur le monde, de façon « molle ».
Source
[1] https://docteurzinzin.com/2017/12/24/physique-monde/ La physique pour mieux comprendre le monde