Comme presque chaque année, et ce quel que soit le gouvernement, des mesures en défaveur des fonctionnaires ont été annoncées (leur contenu a pour source l’AFP).
Suppression de postes dans la fonction publique :
Le gouvernement a annoncé la suppression de 120 000 postes dans la fonction publique. Le discours consistant à dire que ces suppressions permettent à l’État de faire des économies est bien souvent fallacieux, car supprimer des postes ne veut pas dire diminuer les besoins de l’État. L’État va ainsi payer des entreprises afin qu’elles réalisent les tâches qu’exerçaient ces fonctionnaires. Il s’agit donc de sous-traitance, coûtant au final à l’État parfois plus cher et/ou étant parfois plus mal réalisées qu’initialement.
Pas de préservation du pouvoir d’achat :
Le point d’indice des fonctionnaires, qui permet de revaloriser les salaires des fonctionnaires afin de contrer les effets de l’inflation et préserver ainsi leur pouvoir d’achat, est de nouveau gelé cette année. Si l’on considère les sept dernières années, le gel du point d’indice aura donc été la norme, la seule exception étant en 2016 où ce dernier avait été revalorisé de 0,6%.
A quoi cela sert-il de disposer d’un dispositif « annuel » lorsque l’utiliser est l’exception ?
Rétablissement du jour de carence :
Le cas du jour de carence interpelle, pour des raisons opposées à celui du point d’indice. En effet, la loi n’a cessé de fluctuer sur le sujet !
Le principe du jour de carence consiste, en cas d’arrêt maladie, à supprimer la rémunération le premier jour d’absence. Il a été mis en place pour les fonctionnaires le 1er janvier 2012, sous la présidence de Nicolas Sarkozy, puis avait été supprimé par François Hollande en janvier 2014.
Gérald Darmanin, ministre de l’Action et des comptes publics, a annoncé jeudi dernier le rétablissement d’un jour de carence pour les fonctionnaires, et ce dès 2018, afin de « rétablir de l’équité entre le public et le privé ».
Ce type de discours, fréquent chez les hommes politiques, est navrant, car :
- Il joue sur des pseudo-différences entre public et privé, en comparant des situations au final non comparables, et crée ainsi de fausses polémiques divisant inutilement les Français. Certes, dans le privé, le salarié en arrêt maladie ne perçoit une indemnité qu’à partir du quatrième jour de maladie (trois jours de carence) mais il voit sa perte de salaire souvent compensée par son employeur, notamment lorsqu’il s’agit d’une grande entreprise [1]. Ce sont les salariés des petites entreprises et les artisans qui sont véritablement désavantagés.
- Il prône l’équité par le bas, et donc au final augmente les injustices au lieu de les diminuer. Si le gouvernement pense que les jours de carence dans le privé sont injustes, pourquoi ne pas les supprimer plutôt qu’en remettre dans la fonction publique ?
Enfin, ce sont des politiques (ministres, députés, sénateurs, etc.), au service de l’État, qui travaillent sur ces mesures : ils s’apparentent ainsi, dans leurs fonctions, à des fonctionnaires. Or, le statut de ces politiques est souvent réellement inéquitable, mais est « étrangement » peu modifié. Il est toujours plus facile de voir autrui comme privilégié, plutôt que soi-même.
Source (autre que l’AFP)
[1] http://www.lemonde.fr/economie/article/2017/07/06/le-jour-de-carence-pour-les-fonctionnaires-en-arret-maladie-va-etre-retabli_5156938_3234.html Le jour de carence pour les fonctionnaires en arrêt maladie va être rétabli