A l’hôpital psychiatrique Philippe Pinel, à Amiens, la liste des soignants comprend… des chiens. Depuis 2010, le centre pratique la cynothérapie, un soin sur prescription visant à soigner les malades mentaux avec ces canidés (Source : AFP).
La prescription de médicaments psychotropes en psychiatrie a trop tendance à écraser les autres méthodes de soin des patients.
Les médicaments psychotropes non opiacés (les médicaments opiacés, i.e. contenant de l’opium, ont un rôle analgésique – par exemple la morphine) regroupent plusieurs catégories de produits ayant pour fonction d’agir sur l’activité cérébrale :
- Anxiolytiques : ils diminuent l’angoisse et les manifestations de l’anxiété, telles l’insomnie.
- Hypnotiques : ils sont destinés à provoquer et/ou maintenir le sommeil.
- Antidépresseurs : destinés à traiter les dépressions.
- Antipsychotiques (neuroleptiques), principalement prescrits dans les psychoses (schizophrénie par exemple).
- Régulateurs de l’humeur (lithium notamment).
- Psychostimulants
En particulier, les médicaments anxiolytiques et hypnotiques prescrits sont souvent à base de benzodiazépines. Or, leur dangerosité les a fait classer dans de nombreux pays dans la liste des stupéfiants [1]. En effet, leur usage prolongé est problématique en raison de l’apparition d’une accoutumance, d’une tolérance et d’une dépendance tant physique que psychique et d’un syndrome de sevrage à l’arrêt de la consommation avec le risque de l’apparition d’un phénomène de rebond.
Plus généralement, prescrire des médicaments psychotropes est devenu aujourd’hui banal, des médecins généralistes prescrivant même directement des antidépresseurs, sans passer par l’expertise d’un psychiatre [2]. Or, en vérité, même les antidépresseurs sont problématiques car ils changent la personnalité et risquent de priver la personne de ses ressources pour « entrer dans la difficulté » et pouvoir mieux en sortir ensuite [3].
Ainsi, n’est-il pas discutable de soigner l’esprit (c’est le sens étymologique du mot psychiatrie) à l’aide de médicaments ?
La cynothérapie (thérapie à l’aide de chiens) est l’une des méthodes permettant d’éviter une prescription médicamenteuse trop lourde. Le chien de thérapie, contrairement au chien d’assistance, intervient dans un cadre médicalisé et en présence systématique d’un thérapeute, sans être gardé au domicile de la personne soignée.
Cette méthode est très pertinente, car la plupart des patients psychiatriques ne sont pas malades « de naissance » : ce sont des interactions sociales difficiles qu’ils ont pu avoir qui les ont rendus malades psychiquement. Faire interagir ces patients avec des chiens, plus « humains » que bien des êtres humains, permet de soigner leur psychisme de par des interactions saines.
La cynothérapie est une activité très développée dans les pays nordiques, mais n’est pas reconnue par diplôme en France [4]. Il faut donc saluer l’initiative de l’hôpital psychiatrique Philippe Pinel, en espérant la généralisation de telles pratiques.
Sources
[1] https://fr.wikipedia.org/wiki/Benzodiazépine Dangers des benzodiazépines
[2] https://www.senat.fr/questions/base/2014/qSEQ140210382.html La question de la prescription abusive de psychotropes a été abordée par exemple au Sénat (Situation alarmante de la France en matière de consommation de psychotropes – 14e législature)
[3] http://future.arte.tv/fr/depression-les-antidepresseurs-ne-sont-pas-la-seule-solution?language=de Dangers des antidépresseurs
[4] https://fr.wikipedia.org/wiki/Cynothérapie Histoire de la cynothérapie