Une gare c’est un lieu où on croise les gens qui réussissent et les gens qui ne sont rien », a lancé le président français Emmanuel Macron, lors de l’inauguration de la Station F, nouvel incubateur français de start-ups, campus imaginé par Xavier Niel et construit à la place de l’ancienne gare de marchandise Halle Freyssinet. (source : AFP)
Cette assertion a été vivement critiquée notamment pour la raison suivante : comment quelqu’un se prétendant président de tous les Français peut-il exprimer du mépris envers ceux qui ne réussissent pas ?
Ce mépris est d’autant plus ironique, qu’Emmanuel Macron doit sa carrière politique à des personnalités du parti socialiste, telles François Hollande et Jacques Attali, issues du moule mitterandien. On peut donc voir Emmanuel Macron comme une sorte de « petit-fils politique » de François Mitterrand, l’expression « ceux qui ne sont rien » ayant d’ailleurs déjà été utilisée par ce dernier, certes dans un contexte différent.
Mais le plus intéressant dans cette déclaration est qu’elle résume bien la pensée des lobbies politiques et économiques soutenant Emmanuel Macron. Ainsi, il est implicite, étant donné le contexte dans lequel ces paroles ont été prononcées, qu’Emmanuel Macron parle de réussite au travail.
Par conséquent, Emmanuel Macron oppose ceux qui ont un statut social à ceux qui n’ont pas de compétence particulière, qu’il considère comme deux groupes disjoints. Or, la véritable question à se poser est la suivante :
Est-ce qu’au contraire « ceux qui ne sont rien » ne seraient pas à chercher parmi « ceux qui réussissent » ?
En effet, la réussite sociale est aujourd’hui plus souvent obtenue par des réseaux que par des qualités intrinsèques aux personnes, même si cela n’est pas a priori incompatible. Cependant, nombre de personnes passent plus de temps à soigner leur image sur les réseaux sociaux qu’à effectuer un travail de fond. « N’être rien » semble de nos jours plutôt être un facteur de réussite sociale.
Docteur Zinzin 